Espirito Santo : Les geôles de l’enfer


Aujourd’hui, un groupe de travail du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, examinera à Genève la situation des prisonniers de l’Etat brésilien d’Espirito-Santo.

Ce petit Etat du sud-est du Brésil a produit en quelques années ce qu’il y a de pire dans le système carcéral brésilien.

Dans cette réunion sera présenté un rapport de 30 pages qui aura sans aucun doute une répercussion internationale et un impact non négligeable au Brésil.

Les autorités locales, elles, ont opté pour la dénégation et la manipulation. La présentation du bilan en matière de politique carcérale habituellement transmise aux médias offre une image totalement aseptisée.

Le gouverneur de l’Etat, Paulo Hartung, et son équipe, qui portent l’entière responsabilité de cette situation, ont posé une chape de plomb sur la vie politique.

Les voix discordantes, très peu audibles dans les médias, en particulier sur ce sujet, ont été soigneusement muselées.

Le journal progouvernemental, A tribuna, a même censuré la tribune d’un chroniqueur célèbre du journal Folha de São Paulo, habituellement publiée simultanément dans ses colonnes.

Le journalise censuré, Elio Gaspari, avait, dans une colonne intitulée « les cachots d’Hartung apparaissent à l’onu », dénoncé les conditions inhumaines des prisonniers et l’incompétence criminelle du gouvernement de cet Etat.

Pour donner plus de force à sa chronique, et sans oublier d’avertir les âmes sensibles, le chroniqueur renvoie le lecteur au lien url du rapport qui a été exposé aujourd’hui.

Il faut avoir le cœur bien accroché pour regarder jusqu’au bout les 8 photos qui illustrent ce rapport.

Les photos montrent trois corps de jeunes hommes affreusement mutilés. Dont deux démembrés.

Ces assassinats commis à l’intérieur des prisons à des dates différentes l’ont été sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire. Les criminels ont eu le temps de découper en morceaux leurs victimes et de les jeter aux ordures. On voit même un corps décapité et émasculé.

Le rapport rédigé par des ONG brésilienne Justiça Global et la branche locale de la Commission des droits de l’homme , détaille également la précarité des prisonniers. Avec des  conditions d’hygiène et de promiscuité épouvantables, les prisonniers, souvent très jeunes, ont très peu de chances d’en sortir indemnes, mentalement et physiquement. Les services sanitaires et les ong recensent régulièrement des cas de leptospirose, de tuberculose et de maladies de la peau. Les prisonniers atteints de maladies contagieuses sont souvent laissés sans soins, au milieu des rats, des ordures et des égouts à ciel ouvert.

Cela, sans parler des cas de tortures et d’exécutions sommaires, classées quelques fois en évasions.

Dans les 26 prisons l’Etat dénombre 11.000 détenus qui vivent dans des conditions inhumaines. Les cellules construites pour 30 personnes en abritent en moyenne cent fois plus.

La surpopulation carcérale a même poussé le gouvernement de l’Etat à transformer des containers et des minibus en cellules dont l’étroitesse effrayante est bien en dessous des normes internationales en matière de droits humains.

Destinés aux prisonniers en attente d’un ordre de transfèrement, les containers, plus connus sous le nom de micro-ondas, sont dépourvus des conditions minimums de ventilation, de luminosité et de salubrité. En été la température atteint plus de 50°.

Un constat évident, en l’état actuel des choses rien ne pourra freiner la spirale de la violence dans cet Etat où le taux d’homicide est l’un des plus élevés du Brésil. Avec des prisons terrifiantes, une justice lente et inadaptée, les chances de réinsertion de la petite et grande délinquance sont inexistantes.

Cette situation extrême existe, hélas, dans d’autre Etats de la Fédération. Le système carcéral brésilien, qui est bien loin de ce que l’on peut attendre d’une société civilisée, ne peut pour l’instant produire que des êtres animés par la haine.

Ci-dessous, une vidéo, datant de septembre dernier, montre des images capturées par les caméras de sécurité de la prison de haute sécurité de Viana (Espirito Santo). On y voit des agents pénitenciers tirer avec des balles en caoutchouc sur des prisonniers dénudés.

4 réflexions sur “Espirito Santo : Les geôles de l’enfer

  1. La plus grande partie de la population ne trouve rien à redire à cette situation, voilà qui n’aidera sans doute pas à améliorer avant longtemps le système carcéral, qu’il soit capixaba ou brésilien.

  2. Que la population ne trouve rien à redire à cette situation c’est une chose, mais que l’équipe dirigeante encourage cette horreur, en est une autre.

    Je pense que la population dans sa grande majorité est résignée.

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